samedi 13 septembre 2014

l'Enfant

L'enfant du béton depuis toujours envisage
Qu'une fois au crépuscule tout homme se dévisage,
Quand dans vos yeux ternes il voit votre rage,
Quand dans son cœur asséché vous lisez de vieux adages.

Délavé, insoumis, invaincu, tout son être se glace
Sous le plomb de vos regards, la foudre qui embrasse
Le feu des critiques, le brûle mais jamais ne laisse de trace,
Du givre sur les lèvres, protège l'âme chagrine qui place

Confiance dans ses principes. En l'horreur qu'il se dessine
Il porte sa foi, soulève les sombres ambitions qui le destine
Aux jeux des destructions, aux alcools quand il s'avine
Ce n'est que des yeux d'une autre, aux poussières d'opaline.

A mêler le sang dans le fond d'une nouvelle tragédie
Au goût amer de vos pêchés, le long d'âpres paradis
Qu'il a cru voir un jour, qu'il ressent, déchirants, dans les cris
Les murmures et les mots sifflants disent que bientôt il sera parti.

Mais d'un lointain passé qu'il porte en cicatrices obscures
Sous le chant des fauves fiévreux, dans le craquement des murs
Comme dans le vent glissant ça et là au travers des serrures
Il tiendra le cap, s'efforçant de se rappeler ce que disaient vos blessures:

"Rien ne te sera offert ici bas, ami ou étranger, je ne sais comment dire
 Qu'à l'aurore d'une vie tu t'es bâti, que le temps balayera les rires
Au ciel mourant de nos espoirs, quelqu'un s'empressera de détruire
Tes rêves d'étoiles, tes roses fougueuses comme tes fidèles souvenirs."

Alors l'enfant déjà vieux serre les dents, ne veut pas trainer
Le malheur comme drapeau, la beauté des larmes contaminées
Tout son être s'y engage, il restera dur et fort, jure d'y arriver,
Si fort et si frêle, au détour des rides d'un coeur malade et condamné.


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