dimanche 29 novembre 2009

Petit Garçon, Pleure En Silence...

Il y a eu sept jours de beauté, durant lesquels on nous avait insufflé à tous la gloire, l'honneur et ces choses oubliées. C'était le commencement. On se tâte, cherchant à connaître ceux qui nous entourent chaque jour un peu mieux, et percer leur coeur toujours plus fort. Et alors à ce moment donné, tandis que l'on ignorait encore le nom de la plupart des gens, ce fut l'orage dans mon grand ciel bleu, celui dans lequel j'aurais aimé faire des pas d'enfants, précisément ceux que l'on m'a arraché, ce grand vide qui me fait m'effondrer aujourd'hui de l'intérieur, implosion de l'esprit et suicide pour un soir.
Et puis, oh, et puis on repart. On recommence.

Il pleuvait les larmes les plus divines de Dieu après notre création et il fallait tout essuyer. Le sable ocre de la plage était battu par la pluie et les sentiments de ce dieu encore jeune. C'était en fin de matinée mais il faisait encore sombre et le soleil, guide parmi les guides, ne s'annonçait pas. Mon ciel était en lambeaux. Ecartelé par la foudre quand nous n'étions pas dignes et pire encore, lorsque nous pêchions, mon ciel s'écroulait à toute allure et derrière c'était le vide. Comme si l'on avait déchiré une de ces toiles de la Renaissance dont la valeur dépasse largement celle de nos vies.

Sur la plage, on formait des groupes. Personne ne savait avec qui il devait aller, mais on était tous là, embarqués dans un périple que personne n'avait prédit. On a choisi nos alliés sans les connaître et, le sac sur le dos, on a couru. Couru. Couru. Le paysage défilait, morne petite vie de haine et de pêchés. Mes camarades sont tombés, hurlant de désespoir, certains inconscient. D'autres ont voulu changer de camp et alors les groupes se divisaient. Ami et ennemi, non, jamais les deux à la fois. C'était un spectacle incroyable, qu'on ne peut plus dissocier de ma mémoire défaillante. Trahi, le coeur à genoux, j'étais couché sous la pluie, à attendre mon heure ou tout ce qui pourrait y ressembler par le concept sinistre d'un ballet de mort imminente.

Il avait cessé de pleurer. Il m'accorda la chance de me retourner vers de vrais alliés. Mais encore aujourd'hui tout est vacillant, instable, tout n'est que triste euphorie, naufrage allégorique de l'échec, rire hystérique, sarcasme et une pointe de nihilisme. On ne remonte pas le pentes que l'on a miné avec précaution par le passé. Je me suis jeté seul, m'élançant vers une porte de sortie, une reine sans roi, une rose sans propriétaire, un piège, un semblant d'espoir, une main salvatrice, un cœur sans plaies, une trahison, la morphine ou n'importe quelle forme de danger qui pouvait bien m'attendre dans cette épaisse fumée...

mercredi 25 novembre 2009

Commencing Countdown.

Ne me cherchez pas.
Ne vous retournez pas.
Ou alors promettez-moi
De tout me laisser recommencer à zéro.

De l'Abrasif Sur Nos Contours II

Haine théorique, thérapie par la mort, la souffrance est un doux remède qui se dépose sur le cœur comme un baiser de déesse. Elle ronge nos tissus les plus enfouis, s'écoule dans notre corps par la chaleur de notre propre sang en ébullition. De l'acide à s'en brûler le coeur, souffrir et mieux vivre. Je ne sais pas vivre et je saute dans le vide.
Lâche-toi putain. Tu n'as aucune valeur, encaisse cette souffrance, rien n'est au-dessus, résiste, pousse ton âme vers l'avant, fais donc du rentre-dedans et agresse, blesse, vole et pille sans compte, sans pitié et surtout pas de quartier. Qu'est-ce que tu fais ici, à étudier ce que tu n'aimes pas, à aimer ce qui ne t'aime pas, à crier tes idéaux sans espoir, seul assis dans le noir, hurles encore un peu, toujours un peu plus fort et laisse-toi entrer dans cette douce torpeur.
Lève-toi après cette syncope. Où es-tu ? Tout va bien ? Le médecin arrive. Qu'est-ce qu'il s'est passé dans ta tête ? On t'aime.
Non. Menteurs, on aime que les anges et les innocent, mais ils sont bien trop rares et presque invisibles à vos yeux. Vos yeux sont des trous de bites remplis de merde qu'on vous force à ingurgiter. Quelles-sont vos valeurs ? Vous n'êtes pas ceux que vous pensiez être.
Vous n'aimez pas ce que vous aimez, vous aimez ce qu'on vous offre à aimer.
Le plastique, l'artificiel, le merveilleux et l'illusoire. Un souffle et la poussière s'en va. D'ailleurs ce soir, tu en as bien pris un peu, de cette jolie poussière blanchâtre.
Réveille-toi connard, tout le monde te regarde. Et toi, t'es là, assis par terre à regarder tout le monde comme le ferait un nouveau-né. Les yeux écarquillés, tu sembles ébahi, mais putain comme c'est déconcertant.
Rampe, rampe encore un peu, je voudrais te voir aller mal, souffrir encore plus que les autres, plus que moi, que le feu qui défigure mon coeur chaque jour. Partage avec moi, frère, cet acide qui fera de toi un homme comme moi. Tu ne respires même plus, c'est normal. Tes yeuxsont rouges, on te prend pour ce que tu n'es pas.
On te répète les mêmes choses sans interruption, à tout-va, t'es qu'un connard et je ne te tolère plus. Dégage, salaud.  Dégage, salaud, dégage.
Dégage.
Trois petits tours et puis s'en vont, une colonne de fumée, loin dans l'horizon, des mains qui finissent de se consummer après une longue nuit d'agonie, une souffrance en bouteille, que l'on verse et qui tâche, qui tâche de noir sur un fond blanc, une feuille dont l'écriture pleine de maux est paradoxalement si pure.
Tu en as assez fait, pars.

Une Action Etrange...

Un orage assourdissant, un éclair perçant le ciel comme l'aiguille perce la peau jusqu'à la veine, que le rouge et le blanc ne font plus qu'un, un moment de détente et puis un oubli.
Les nuages en lambeaux au-dessus de ton radeau de la méduse, tu fonces à toute allure vers l'horizon sans même le connaître. Ton embarcation de fortune vogue sur les flots, seras-tu le maître, de qui, de quoi ?
Le Maître des Soupirs, dans le royaume de la résignation.
Et tout ça, j'entends, la mer agitée, la tempête, les marins noyés, ce sordide tableau de ta vie ne constitue qu'un vague souvenir épisodique dans ta mémoire intarrissable. Un triptique décevant se ferme derrière toi, maintenant prends une nouvelle toile, et fais-moi un grand tableau tout noir.
Ta vie.
Tes déceptions.
Et le sexe, et les drogues, et l'alcool, la clope, tout ça te monte à la tête. Fonce, tout droit sur ta route.

"A 23 ans du matin tout seul comme tout un chacun, les yeux grands ouverts de ne rien voir j'ai peint des tableaux tout noirs..."

mardi 24 novembre 2009

Presque Humaine.

Dans l'ombre de la nuit, il croisa son prochain cauchemar. A ce moment précis, il savait déjà qu'il ne dormira plus. Comme une tentacule, elle s'était accrochée de toutes ses forces à son esprit. Le jeune homme n'avait alors qu'une seule image en tête. Une étrange silhouette, sans nez, sans bouche. C'était la plus belle silhouette qu'il n'avait jamais vue de sa ridicule petite vie.
Beauté incarnée, elle virevoltait gaiement dans sa tête jour et nuit depuis cet instant où il l'avait croisée sur le chemin au bord de la route. Comme un maléfice, une atroce balafre le long de la joue, elle ne le quittait plus. Il n'arrivait pas à savoir qui elle était, ni comment elle était entré en lui, ce soir là, par la force des choses, mais son esprit s'embrumait. Il était confus. Devant lui s'étalaient deux idées différentes, la première étant d'ignorer cette adorable silhouette, la seconde de ses idées était de retrouver la trace de cette dernière...
Je crois bien qu'il avait marché des dizaines de kilomètres au bord de cette grande allée de macadam, en ne tenant pas compte des caprices du temps et de la nature elle-même. Il voulait savoir. Connaître la propriétaire de cette silhouette mémorable, inestimable, celle qui l'avait envôuté comme un parfum enivrant qui l'avait rendu euphorique à en perdre l'horizon. La tête enfouie sous des draps sales, il avait décidé de se lever plus tôt. Il avait basculé sa tête sous le lavabo de la grande salle de bain et ne bougeait plus.
Le niveau de l'eau montait petit à petit, lui glaçant le crâne autant que possible. Ses narines étaient remplies de cette eau assassine qui commençait à couler dans le creux de sa gorge. Il s'amusait à regarder ses paupières dans une sorte de méditation involontaire, conduit par une vague forme qu'il venait tout juste de discerner.
C'était une étrange silhouette de femme, sans nez et sans bouche.
Le jeune homme s'étouffait. Il avait décidé d'en finir, de ne plus jamais reprendre son souffle. Son cerveau s'était déconnecté depuis quelques secondes, maintenant. Il venait de voir la plus belle image de sa ridicule et pathétique existence.
Une silhouette charmeuse, magnifique.

Presque humaine.

lundi 23 novembre 2009

A Avancer Dans Le Noir, On Dépasse Les Limites...

Nous pourrions marcher plus loin que nos propres pas, tracer en silence nos silhouettes et nos ombres, puis nous effacer dans le noir. Alors cela voudrait dire que nous avons dépassé toutes les limites les plus rigides, étroites, ces lames de rasoir qui vous effleurent la peau, qui fait monter le sang à s'en couper le souffle.
Ces limites qui, après un soir d'inconscience, vous glacent le sang au petit matin, tandis que vous vous noyez dans votre premier verre.
Juste un peu de flotte pour être lucide. Juste un peu d'eau pour rafraîchir sa mémoire et se rendre compte, mais de quoi ? Que ce soir, on a simplement outrepassé toutes les règles, il n'y a plus de limites, tout ça c'est fini.

lundi 16 novembre 2009

Cynisme Et Paradis

Tandis que le crépuscule mourrait au-dessus des montagnes à l'horizon, il jouait de la guitare, avec toute l'émotion qui coulait encore dans ses veines frêles. Il semblait bien ridicule à l'extérieur, mais il était, à ce moment précis de son existence, magnifique à l'intérieur. Dans sa tête, il y avait toutes ces images sordides, ces torrents déchaînés, les marins dont le navire sombre doucement, calme et serein. Un naufrage programmé dans son esprit, et l'écume qui ronge ses rêves paradoxalement emplis de cynisme.
Il jouait.

C'était peut-être ça son but, c'était peut-être de jouer pour délivrer son âme, vomir ses blessures, cicatriser les plaies. Comme s'il allait lisser les rides à jamais gravées dans son cœur, il jouait son exutoire mélancolique.
Il faisait résonner de tristes mélodies qui s'en allaient dans le vent, en attendant l'heure de son départ.
Le crépuscule était mort depuis quelques minutes maintenant.
Un dernier soupir.

Aveuglés par les phares des voitures dont les pneus hurlaient et perçaient le silence du royaume des glaces, il chantait un hymne à la douleur. Rien ne pouvait le déranger, ni le vent, ni la nuit, ni l'autoroute proche, ni même le froid qui avait commencé à le dévorer.

Je crois que ce soir-là, un homme s'en est allé, le sourire aux lèvres.

Loin d'Ici...

Il est parti vite, d'un pas décidé. Il avait besoin d'évacuer un trop plein de je ne sais quoi, ces petits quelques choses qui lui pincent le cœur. Alors il a pris le chemin de la maison et dans son tram, assis, il s'est mis à pleurer. N'en pouvant plus de quelque chose qu'il ignorait, il débordait de tristesse.
Que s'était-il passé pour finir comme ça ?
Les larmes l'avaient soulagé. Et l'écriture était son deuxième exutoire.

Écrire et pleurer pour se sentir bien. Mais ça prend du temps de pleurer assez, ça prend du temps d'écrire tous les maux qu'on ressent.

mercredi 11 novembre 2009

Brutal Art Attack

La vague fantomatique se régénère dans chacun de nos films d'horreur. Nous rêvons, éveillés, et la tumeurs qui nous ronge finit par atteindre l'esprit.

Michel Baboune finit par essuyer le yaourt nature qui coulait le long de ses lèvres entrouvertes, de la même manière qu'une femme en amour.
Il ne se doutait pas encore que le barbu hirsute allait le menacer de sa lame vengeresse et lui accomplit sauvagement un acte sexuel pénible et brutal...

Ma crise d'endorphine se perturbe dans mon lit de roses. Parfois, quand le globe flamboyant se touche dans le ciel, il fait baver les étoiles d'un épais linceul blanchâtre et révèle en nous l'extase vomissant.

Hope And Industrial Suicide.

L'espoir, c'est le dieu de ceux qui n'en ont plus.

Et arrive un jour où tu n'as même plus d'espoir. Ah tiens, comme si j'avais retrouvé ma plume. De l'encre au goût amer, pour ne pas changer les habitudes.
"Tu dois utiliser l'Art pour ton propre exorcisme."

Oui, madame. Je me tais. Je sais qu'elle a raison. Elle SAIT. Oui, madame. C'est la vérité. A travers douleur et mélancolie, une bonne raison de ne pas saboter son radeau ? Mais non, aucune. Laissez-moi m'en aller.

mardi 10 novembre 2009

Echappé, rescapé.

"Dis papa, à toi aussi il te manque le coeur ?"



Oui. J'ai un gros trou béant dans mon torse. Je vis comme ça.

Lac Gelé.

Ecriture bloquée. Les mains aux stigmates pleureurs n'écrivent plus. Tremblement et crises d'angoisses répétées. Cette nuit, je n'ai pas dormi. Encore un sale tour.
Trois p'tit tours et puis s'en vont.
Ma rivière d'inspiration et d'écriture est vide. Elle ne coule plus. Je ne peux plus rien faire, il n'y a plus rien pour moi ici. Pas maintenant.
Je me sens immense, coincé, immobilisé. Je tremble un peu. J'ai froid, en-dedans.
Toute inspiration gâchée et mutilée. Ne plus écrire, ne plus parler. Ne plus rire, ne plus créér, mais attendre.
Seulement attendre.

Le calme qui revient. Les squelettes des arbres après le ciel déchiré.
Un souffle chaud qui réconforte.

dimanche 8 novembre 2009

Des-Compositions...


Réalisation

Le cube a été un projet très intéressant à réaliser, non seulement à cause de toutes les possibilités d’aménagement qu’il m’offrait, mais aussi par la grande liberté qu’il a fournit.


Au commencement, il m’a semblé évident que les volumes ne pourraient pas tous être géométriques, réguliers ni même équilibrés. J’ai commencé par inscrire des formes géométriques sur la base du cube, puis en montant les volumes j’ai rendu ces formes incertaines, parfois timides et hautement aléatoires.
J’ai apprécié d’adopter ce comportement autodestructeur, qui ici, consistait à suicider – à l’aide d’une réflexion précise - une démarche scolaire et inflexible.

Ce côté si singulier de l’art de la destruction et du chaos a littéralement dévoré mon travail de base pour donner naissance à une œuvre dégénérée par les lois du hasard. En effet, les volumes de polystyrène ont été passés sous une flamme pour leur donner un aspect rongé et torturé. Ce procédé était peu contrôlable et donc chaotique. Quelques ajouts ça et là ont été faits grâce à des bâtons de colle suffisamment chauffés pour être coulants. Le résultat donne des formes sinueuses, caverneuses et malsaines.

Comme à mon habitude, j’ai profité de jouer sur les paradoxes et autres métaphores. Ce cube serait sans nul doute mon image inconsciente de la société. Comprimé dans un espace clos, le géométrique – qui à mon goût est une représentation de l’industrie par excellence – s’oppose au monde de l’organique et du désordre, donnant pour résultat une lutte sans merci pour la suprématie. L’effet de l’organique a été amplifié à l’aide d’un rigoureux brossage à sec avec plusieurs teintes de plus en plus claires et pures.