lundi 1 septembre 2014

J'espère que tu sais...

L'autre qui était là, si près, à portée d'un "je t'aime" lâché par hasard, effacée par la pluie, le vent, la neige et les jours qui se traînent en se lamentant au fond des rues, dans la noirceur des bars ou l'encre n'est plus qu'un âpre remède.
La peau sur les os, sous le froid, l'automne sera rude et les feuilles s'en iront drôlement vite. La vie perd de ses couleurs, en même temps que l'on perd des gens. Le cercle se rétrécit comme une pupille en plein jour, sous la fureur d'un éclair déchirant.
Le corps se raidit et se fatigue, il se fige l'instant d'une image, le temps d'une pensée. Il se relâche et hurle de tout son être, sous les eaux des cieux, comme les os des vieux, qui se brisent çà et là.
Les manteaux resteront froids et les mains se taisent au fond des poches. Cette année, elle n'auront pas de partenaire de jeu.
Les bras tremblent comme gronde l'orage soudain,  les épaules sont fades quand on se traîne dans de longues ballades en solitaires.

Pour accuser le coup, pour voir, juste pour voir, les soupirs et les pleurs, les larmes qui nous démasquent, les masques des tragiques, qu'on laisse tomber au bord d'une route. S'éteindre une clope, la cendre qui brûle nos cerveaux, qui s'enfonce au creux d'un coude...

Des pas dans le noir,  sur l'asphalte brillant de la nationale, fouler l'herbe couchée, croiser les lampadaires éteints comme nos vies, se voir dans un reflet et ne rien dire.
Tout se dire, ne rien jurer, tout admettre.

Aucun commentaire: