dimanche 13 juillet 2014

Fin de nuit.

Supporter le poids du corps, avancer, reculer, je l'ai fait tant de fois déjà. La fatigue imprimée dans les chairs, les carences dans le sang, tout ça ne présage rien qui vaille. Entrevoir la fin des jours, les lunes infinies, se coucher une dernière fois, la tête pesante.
Le calme plat des eaux se mêle au crépuscule de notre temps. Une larme, une phrase, un bout de papier plein d'émotions, tout ça foutu en l'air. La magie des rencontres, le souffle divin des anges, au bout de la rue, loin dans les soirées des débauches, de débauchée en débauchée, croiser le regard des catins, de la charogne qui guette.
Les bas effilés, les alcools qui nous parlent, l'éther dans nos systèmes, des galaxies de rien. Des artifices, sur les bouches des putes, le rouge qui palpite. La pupille dilatée, le coeur à vif, l'ivresse est de mise, au fond des rues froides on se chauffe, toi et moi sous les lueurs, les tombeaux se rapprochent, tant que le venin rampe.
La lumière chaude des lampadaires, l'orangé brûlant le bitume, au détour des clopes on consume nos amours à tour de rein, à tour de rien. De corps en corps, bien au-delà des folies de passage, la détresse d'une victime des poudres, de la C, du K qu'on s'envoie au hasard.
Le silence des brumes terrifie nos réveils, le matin, quand tout s'est effacé. Les esquisses colorées sous la peau se portent avec pudeur, la couleur délicate et fade ne finit pas de changer.

A Poem For D.

Prendre part à la fin des temps, à la fin d'un nous
Parfois la vie nous joue de mauvais tours
Nous laisse sans espoir au point de non retour
Comme si la mort avait une faim de loup

Tes yeux, tes beaux qui implorent le pardon
Impuissants et beaux, aux portes de mes orbites
La gorge terrible qui se sert, le cœur noir qui palpite
Ce jugement est nôtre, telle est notre sanction

Sûr que le Boucher viendra pour nous
Que les hommes prennent pitié de voir en moi le courroux
Ainsi en ce jour de pluie m'abandonne mon pouls
A l'heure de rendre l'âme, splendides, accrochez-vous

Le funeste râle de ma longue agonie
Ô si douce et précieuse pensée vengeresse
Épousera ton être comme une mortelle caresse
Et viendra malicieuse, cauchemarder vos nuits.