samedi 29 novembre 2014

Résistance.

Ce soir, il ne rentrera pas chez lui. Un peu par choix, mais principalement pas dépit. Ce n'était pas vraiment une surprise, c'était simplement la prochaine étape d'un long processus. Alcoolisé, il parlait d'amertume, d'une vieille vengeance de la vie, un retour de flamme, un retour en enfer.
Il n'avait pas de motif à donner, d'ailleurs, il n'en avait probablement aucun. Mais il voulait prendre l'air, faire sécher ses yeux mouillés et ses cicatrices, rien qu'un instant.
Un joint, une nuit, sous la lune s'évacuent les confidences aux relents de vodka. A l'intérieur, c'est la mort clinique. Il était prêt à tout pour exister un peu mieux, mais plutôt que de demander de l'aide, son silence était de marbre.

Les veines sont chaudes, le rouge coule, de pluie se mêle, se dilue et s'en va. Cette nuit restera dans sa mémoire comme un voyage onirique et cauchemardesque à la fois, l'écho de sa voix dans le silence de la nuit résonnera à jamais dans sa tête fatiguée de tenir...

dimanche 9 novembre 2014

Les Yeux Fermés



Je suis pas beau, je suis pas fier, pourquoi tu me regardes, t’as rien d’autre à faire ? Garde tes idées pour toi, je suis pas digne, je suis pas stable, je peux te décevoir ou juste péter les plombs. Evite de me toucher je suis comme une épine, je me cache et je blesse, c’est triste mais c’est comme ça, on dit que c’est la vie.

C’est la vie, hein ? Ben alors montre-là moi ! Elle est où la vie, quand nous tous on attend comme des cons ? Tu vas pas m’ouvrir les yeux parce qu’ils sont déjà grand ouverts, mais si je vois rien c’est parce qu’ils sont envahis de larmes. 

Je suis pas fort, je suis pas bon, arrête de me regarder comme ça, tu peux aller voir ailleurs si j’y suis, et puis toutes mes erreurs aussi. Ouais, parce qu’au cas où tu le saurais pas, j’en ai fait un tas alors gare à toi. Je suis pas resplendissant et je suis pas terne, on fait avec, c’est ce qu’on dit toujours quand au final on sait pas quoi répondre, quand on laisse les petits copains dans la merde.

Dans la merde ? Sûr qu’on y est jusqu’au cou, à jurer que tout va bien qu’on a la tête hors de l’eau, que tout est beau et que les sourires sont naturels. Mais putain quel bordel de faire semblant, de temps en temps, et finalement chaque jour qui passe avant la tombe. Je suis pas pessimiste, mais regarde autour de nous, comme c’est désert, comme c’est mort, les gens sont vides et fantomatiques ! C’est quoi cette ambiance qui craint ? 

La nuit, le jour, le dimanche et les midis, les cachetons au fond de la gorge pour mettre quelques étoiles dans ton sommeil artificiel et dénaturé. J’vois que le béton, le gris des jours, les pluies d’automne et les visages pâles, c’est tard le matin ou tôt l’après-midi, qu’est-ce qu’on fout encore ici ?