dimanche 16 octobre 2011

La Voie Ferrée

Les semelles de ses chaussures étaient devenues bouillantes au contact de l'asphalte de cette interminable route sillonnant l'état de haut en bas pour se jeter dans l'Arizona de sa jeunesse. A peine elle avait posé le pied à terre, que les premières vapeurs brûlantes atteignirent son visage. Le soleil était rougeoyant de l'autre côté de la plaine, et alors qu'elle avançait, un vent se leva comme pour imposer une divine autorité. Il se mit à trembler et vibrer sans répit, avec autant d'entrain que des chevaux sauvages lancés au galop. On aurait dit que le vent lui murmurait quelque chose.

Les quelques cactus qui avaient poussé dans les alentours servaient de perchoir pour les oiseaux qui ne manquaient pas d'observer l'avancement de la jeune femme. Il aurait suffit de deux, trois, ou peut-être même quatre jours pour qu'elle périsse.

Au fil de son parcours, elle laissait s'en aller derrière elle un filet de poussière et de sable dans un ballet tout à fait hallucinant. Sa longue marche sous le poids de l'immense soleil la conduisit vers une ancienne voie ferrée totalement délabrée. Il n'était pas rare d'y trouver des squelettes d'animaux qui avaient succombé à ce périple infernal au travers des kilomètres de sables chaud.

Lorsque la nuit se mit à tomber, la jeune femme se réfugia dans les vestiges d'un wagon marchand abandonné qui avait l'avantage non négligeable de la protéger du vent. Alors qu'elle venait d'allumer son feu, elle aperçut un majestueux serpent qui profitait de l'obscurité pour rester caché. La lumière et le crépitement des braises le mirent en situation d'alerte, et il se dressa voluptueusement pour devenir un prédateur intimidant....

jeudi 13 octobre 2011

La Quête

La mort de son père la presse.
Dans la chambre noire, elle passe le couteau sur la flamme. Le métal est brûlant, la nuit elle, est glaciale et majestueuse. Le ciel est la robe d'une de ces dames dont on fait la cour du bas d'un hôtel, le ciel se penche hautainement se redresse et ignore. Ce soir, le miroir est brisé, le serpent glisse sur les morceaux de verre, au travers de la pièce, attend le moment propice. Le venin est rare mais puissant.

Sa pâle victime sort de la pièce, depuis la mort de son père, depuis la mort, elle s'en va. Ses bas déchirés, les tâches sur sa jupe, elle se fiche de tout, essaie de reprendre son souffle vain.

Le lit restera défait. Et dans l'élan d'une nuit froide et comateuse, elle s'en va, sans se retourner. Elle abandonne l'image de sa mère au seuil de la porte.
Elle s'enfuit.

Le serpent avance sur les carreaux blancs du sol de la chambre, traçant des grandes vagues dans la poussière et les débris de vitre. Le venin s'est répandu, à sa guise. Et donc, à travers la nuit froide d'une maison abandonnée, une fille en mal d'identité prend la direction que l'on sait: l'Arizona.

Et déjà, alors qu'elle contemple sa froide candeur dans l'éclat de miroir qu'elle gardait dans son sac, elle aperçoit juste derrière son dos, l'aube du prochain jour, et une terrible Cadillac...

samedi 8 octobre 2011

So Cold.

Derrière les collines froides remuent une fois encore les corps raidis, et les milliers de bouchent demandant pitié. Lorsque le givre se dépose sur ces yeux grands ouverts, les cris deviennent silences, les larmes deviennent glace.

Il fait froid.

La terre est craquelée, l'herbe ne se plie pas sous le vent. Le pâle destin de ce pauvre monde est balayé sous les rafales, tandis que de l'autre côté, un homme sans lendemain les juge et crache sur leur insignifiante vie.

vendredi 7 octobre 2011

New York, New York, you made me live, you'll make me die.