mardi 24 juin 2008

Génération Y

Je fais partie de ce que l’on nomme « la Génération Y ». Elle comprend les enfants nés entre 1979 et 1994, j’en fais donc partie. Je suis né pendant l’été 1990, à Genève. C’est pour moi une chose regrettable d’être né durant cette période. Certains de ma génération me comprennent. Nous n’avons pas vécu Woodstock, nous n’avons pas applaudi Neil Armstrong, nous n’avons pas non plus connu John Lennon. Nous sommes seulement des enfants du capitalisme. Notre truc, c’est la publicité, et la publicité engendre la consommation de masse.

On nous répète que le punk est mort, et que la modernité, c’est d’être branché, de porter des vêtements de marque, de rentrer dans une catégorie sociale. J’emmerde les catégories sociales. Dans ma vie, j’ai traîné avec des portugais, des français, j’avais des amis du Sénégal. Et dans mon monde coloré de verre et de ciment, dans ma jungle urbaine, ce mélange de culture me donne le sourire. Imaginez une table sur laquelle sont disposé des spécialités de tous les pays du monde. Imaginez des gens qui sont amis et pourtant ne parlent pas la même langue. C’est si beau, tout ça donne de l’espoir. Je suis né pendant la Guerre du Golfe, juste avant l’invasion du Koweït par l’armée irakienne. Et aujourd’hui, les USA sont en Irak. On traque le barbu et on fait la guerre pour un motif à peine compréhensible. Je pense que le terrorisme vient également des dirigeants de nos pays dits « civilisés ». Civilisé, c’est un bien joli mot, pour décrire un pays doté d’une armée prête à envahir, un pays qui possède la puissance nucléaire, un pays capitaliste qui, faute de solidarité, ne fait rien pour l’Afrique qu’on assassine en silence. Et pendant qu’on descend les derniers résistants, il pleut à Sarajevo. Ils ont volé nos rêves. Liberté, Fraternité, Egalité. Non monsieur je ne fais ni partie de votre nation ni de votre pays. Je suis l’enfant orphelin, une mère ravageuse que l’on appelait Union et un père que l’on nommait Force. On les a flingués, tous.

Tous.

Ca veut seulement dire que nous sommes tous des frères de condition, libre de faire ce que l’on veut de nos problèmes. Il se pourrait que nous soyons des enfants avortés de la révolution.

Certains choisissent leur vie, d’autres ne la choisissent pas. Qui a déjà demandé à se faire battre par son père ? Qui a voulu avoir le sida ? Peut-être bien qu’il n’y a pas de Dieu. Et quand bien même il y en aurait un, je ne pense pas que nous soyons si importants à ses yeux divins…

mardi 3 juin 2008

L'Inconnue Au Bord De La Nationale...

Elle, elle était là. Elle pleurait ses deux dernières larmes. Ça devait bien faire deux jours. Peut-être trois. Triste et sale, l'inconnue ne bougeait pas. Quelqu'un l'avait sûrement déposée ici et elle s'était perdue sur le chemin, pendant la nuit.

Non.

Pour mieux comprendre, il faut revenir deux jours plus tôt. Peut-être trois.
On l'avait chopée chez un trafiquant, un gars pas très net, qui prétendait en avoir des tas. Il avait dit "méfiez-vous d'elle, elle à son caractère et elle pique !". C'était bien vrai ça. Alors elle avait parcouru des kilomètre, et avait offert des kilomètres de rêves. La seringue était vide maintenant, vide. Vide.
Vide. Quand une seringue est vide, personne n'en veut. Voilà comment un homme l'avait jetée par la fenêtre de sa voiture, un soir d'automne. Au bord de la route, il l'avait abandonnée. Délaissée. Vide. L'inconnue d'un jour était vide. Pourquoi la garder encore ?
C'est ainsi qu'elle s'est retrouvée là, l'inconnue au bord de la nationale...