jeudi 29 mars 2012

Funeste Portrait

La foudre s'est abattue non loin de nous, puis une tempête de poussière s'est levée dans un grondement terrifiant. Les immeubles se sont effondrés, les enfants ont hurlé. Tout est devenu sombre et sec. Il est arrivé, marchant des jours et des jours en vue de son prochain festin. Son lourd attelage l'a emmené jusqu'à nous, pauvres hommes, et sa colère s'est jetée sur nous.
Tout n'est que ruines et cendres. Son charriot est reparti, les chevaux, autant morts que vivants ont tout saccagé avec leurs sabots couverts de fer. Il est parti en même temps que le soleil. C'était le Maître des Ruines.

vendredi 16 mars 2012

Ceux qui nous regardent.

C'est eux, lui, nous, vous. De l'autre côté de la route, loin des sentiers de l'amour, elle nous contemple, nous offre une lumière bienveillante mais je sais qu'au fond d'elle, elle crève de jalousie. Le temps passe et les vieux nous observent, du haut des immeubles gris béton, entre les lamelles des stores, leurs petits yeux fatigués et las nous mordent de leur amertume. Il y en a eu, des années comme ça, bien avant toi, bien avant moi, longtemps avant nous.
Là-haut, au-dessus de tout soupçons, ils nous voient et suivent silencieusement nos aventures. Ce sont eux qui, chaque soir, allument une à une les millions d'étoiles dans notre ciel. Les journées passent, les écrits restent, alors le papier s'accumule sur les étagères. Et voilà un mot de plus pour toi. Ceux qui nous regardent se posent sûrement des questions. Tout est allé si vite et si fort. Ce n'était pas prévu, mais la vie n'est qu'un jeu de dés: on ne s'attend jamais aux résultats. Alors tu m'as pris par la main, pour aller là-bas. Et les gens nous ont suivi du regard. Tu te rends compte, ces milliers d'yeux rivés sur toi et moi ?
Ce sont les yeux de ceux qui nous regardent, entre amour et jalousie.

Le courrier

Il m'arrive encore d'ouvrir la boîte aux lettres en pensant trouver un courrier de toi. Un timbre bien léché, un peu de parfum, mais rien de tout ça n'est entre mes mains. Je me demande si ta plume a pleuré ses derniers mots ou si le papier a su garder ses cicatrices. Souvent j'y pense et je me dis "tant pis".
Alors c'est quoi l'excuse, cette année ? Les vacances, la famille, le boulot. Ce n'est pas la peine de chercher, ma boîte aux lettres est vide, depuis que j'ai déménagé. J'ai tout laissé tomber, plus la peine d'y penser. Ton courrier ne sera jamais classé, tu le recevras en retour. Je préfère croire que l'encre a coulé mais que rien n'est arrivé.

jeudi 15 mars 2012

Prière de Bataille.

"Sois rude, baisse la tête, mais pas la garde. Avance. Ne relâche pas la pression, tu es fait pour résister aux coups les plus durs que l'on te réserve. Prévois chaque pas que tu fais, fais-toi une place dans la mêlée. Regarde les gens dans les yeux. Dévisage-les. Laisse-toi guider par ton instinct, par ta motivation de fer, mais surtout, ne recule jamais, devant rien ni personne."

mardi 13 mars 2012

Le Commandant.

Il sait tout il voit tout, il prévoit.
Lui, il se souvient de ses débuts, sur la place d'appel. A côté de ses camarades, au garde à vous, les bras raidis le long du corps, l'allure fière. Il a tant changé. Il se trouve là, debout sous le drapeau qui flotte au-dessus de la caserne, il est fort et droit, ses hommes attendent le moindre signe de sa part. C'est probablement la personne qui insuffle le plus de respect parmi tous les autres.
Son torse est bombé, face au vent, ses médailles bougent et produisent un bruit métallique. Il a payé ses galons. Sa tenue est impeccable, il ne bouge pas. Ses chaussures sont cirées et éclatantes, elles reflètent le soleil du plein été, qui chauffe à en brûler le sol bétonné de la caserne. Au loin, des tas de recrues courent sur un terrain, paquetage au dos. On entend des gradés les motiver de vive voix.
Lui, il est immobile, il semble immortel. C'est le commandant.

lundi 12 mars 2012

Il coula, de rouge et de jaune.

Mon cœur saigne car ma patrie est malade.

jeudi 1 mars 2012

C'était peut-être.

Tout est plat, tout est gris.
Y'a plus rien à foutre, y'a plus rien pour s'évader. Où es-tu ? Moi je suis perdu dans mes pensées. Ca bouge et ça tape, là-dedans, je ne sais plus trop depuis quand. Amnésie. Tu m'entends ? Je suis là. Enfin...
Ca saigne, j'ai chaud. J'étouffe. Je crois que plus rien ne bouge ici. Je crois aussi que c'est allé trop loin, trop vite. Trop. Je suis pas là pour me plaindre, je pourrais encaisser et ne rien dire.
Alors on va voir.