dimanche 31 août 2014

Un air de rien

Les yeux entre ciel et sol, tout va et s'en va, on oublie les adieux, les petits airs de rien. Les nuits sont longues, la fatigue est là, on s'échoue une fois encore dans les estuaires de notre mélancolie.

Se construire une vie sur des paquets de "si" que l'on met bout à bout, pour formuler d'interminables regrets. Tout souffler, se soustraire, tirer des traits sur un chapitre, arracher les pages de son propre livre.

Bougie au vent, se laisser tomber et attendre avant de ramper. Prendre le temps de. L’amphithéâtre est vide aujourd'hui, noyé dans la pâle lumière d'un ciel qui s'efface.  Porter l'espoir à bout de bras, lever les draps pour se voiler la face, constat amer d'un poison qui sévit sous les plaies.

Voyage au désert, des grands airs de solitude, la terre est sèche mais les yeux restent humides. Sur les autoroutes, loin des pensées, de leurs lourds regards, s'en aller comme une âme éparse bien au-dessus des toits.

mardi 26 août 2014

Je ne sais qui tu es.

Sueurs froides dans une nuit aux yeux ouverts, baisser les yeux au sol plutôt que de regarder son reflet dans le miroir, non merci. La chute libre est longue, c'est une course mortelle vers l'impalpable, vers ces cauchemars sans vie, dans un trou sans fond, entre chien et loup, le vent qui glisse entre les doigts, tout lâcher et ne plus espérer.

Je ne voulais pas de tout ça. Dans l'honneur et les larmes, je préfère la souffrance, le menton vers le ciel. Hématomes exhibitionnistes, le désespoir honnête n'éprouve ni peur ni honte du regard des autres. Je préfère silencieusement hisser le drapeau du deuil, plutôt que de soulever l’étendard de l'hypocrisie.

Le corps est tordu, les mains gelées vibrent et se joignent, hurlant dans la veine que cela s'arrête enfin, que la nuit tombe assez longtemps. Au détour d'une clope, attendre au pied des escaliers, les pensées plein la tête, les souvenirs profonds dans le coeur.
Et voir un ami pleurer.

Évoquer les temps, partager les détails les plus insignifiants, dans l'espoir de faire passer une émotion qui brûle, qui tire, tous les jours d'une putain de vie. Baisser les yeux sur soi-même, pour mieux reconnaître les torts. Ne pas s'en vouloir, se dire que souffrance rime avec conscience. Grandir, mûrir, tomber et tout recommencer. Se prendre une baffe. Toujours se relever, au gré des bars et des cafés, dans les complaintes et le cris, s’étouffer dans les alcools, quand l’éther nous ronge un peu plus.

Voilà bien la seule honte que je connaisse.

dimanche 24 août 2014

Vagabond

Sur la route, une fois de plus, après toutes ces années vouées à la voie de l'errance. Mes semelles sont usées, les jambes sont lourdes. Sur les sentiers de la misère, j'ai marché depuis l'aurore. Peu importe le nombre de fois où je me suis retrouvé - ou perdu, c'est selon - le long de ces voies, chaque aventure a été forte, chacun de ces terribles instants ont été durs.

Au boulevard de la solitude, mon coeur s'est fâné à force de trop chercher. Les paupières se baissent comme pour plonger le corps dans la noirceur, mais toute cette pression dans les veines persiste. Au crépuscule d'une aventure, on se surprend à rire et pleurer, une fois l'un, une fois l'autre, parfois les deux en même temps.

Les chemins que j'ai emprunté m'ont conduit au bien comme au mal, ils m'ont enseigné, montré, contraint, terrifié et condamné, tel un poison s'écoulant à tout jamais le long des rivières, répandant le néant jusqu'au profond des océans.

Mon sourire s'est effacé dans la foule insignifiante, au gré des blessures, dans les nuits et les jours, dans les soleils que j'ai tant espéré, dans les amours que je n'ai plus attendu...

mardi 19 août 2014

Rouge Sang.

Tout faire exploser, puis s'en aller...

Ce rêve, je l'ai fait tant de fois. Jamais avec les mêmes motivations, jamais avec la même passion pour cette science de la destruction. Mais je l'ai tant souhaité.
Au gré des hématomes, par-delà les coupures, dans la chair et dans le sang, dans mon âme noire et mes nuits trop blanches, il y a trop d'idées qui bouillonnent.

Ne pas oser. Préméditer. Se sentir lâche. Ne pas s'endormir. Y repenser. Encore et encore, le poing déchiré contre les murs, les jointures et la chair à vif, rouge colère, rouge sang, rouge désespoir.
La couleur de l'émotion que l'on avoue pas. Être trop fier pour. Vouloir le cacher aux autres. Prétendre, une fois de plus, que ce n'est rien. Évoquer des excuses minables...

Saigner pour vider, pour se vider. Laisse couler, faire sortir. Évacuer comme on peut, dans la violence, dans les pertes de contrôle. Ne pas savoir quoi faire, mais le faire le plus fort possible. Processus de dégradation brutale.

dimanche 17 août 2014

Nomads

Malédictions nocturnes, sur le pas de la porte, quelques larmes partaient. L'instant du départ était imprégné d'un certain mysticisme. Que dire, quoi faire, je me rendais compte que mon corps tremblant ne se souvenait plus de comment se mouvoir davantage. Et vint alors ce qui devait arriver. La clé épousait une dernière fois la serrure, sous la lumière des néons de cette cage d'escalier, témoin de la fin du début d'une tragédie...

Je sentais à ce moment-là ces longs couteaux qui ressortaient de mon dos, me laissant des douleurs lancinantes. Dans la nuit sans étoile, j'essuyais mes yeux humides et brûlants, en montant dans la voiture pour ce qui sera un dernier trajet.
J'étais tétanisé. Les mots ne sortaient pas de ma bouche, tant mes dents étaient serrées. Ma gorge crispée contenait en mon être cet abîme lacrymal et ce qu'il me restait de dignité. Mon regard se perdait dans le reflet des rétroviseurs, tandis que nous nous lancions à toute allure dans la nuit, dans le noir, près de ma fin.
La vitre baissée laissait passer un souffle glacial. Dans l'habitacle, la radio crachait des sons que mon cerveau ne captait même plus. Une fois de plus, je me retrouvais sur la route, avec d'autres peines et d'autres pensées. Le bleu de la nuit ensorcelait mes réflexions les plus folles, engouffrées dans une torpeur  momentanée.

Je me voyais mort. Tellement mort, que je finissais par l'espérer de tout mon être. Je pouvais déjà sentir ma chair se faire extraire d'une carcasse encore fumante d'une voiture qui aurait malheureusement fait fausse route dans le noir. Je sentais rugir le moteurs des camions de pompiers, les gyrophares qui venaient zébrer de leur couleurs les façades du quartier et cette chaleur si douce. Un dernier fragment de vie, au moment d'émettre l'ultime râle qui soulage des agonies sans nom que portent les chemins de nos destinées.



Sur les routes

Dans cette interminable houle, sache que j'en garderai des cicatrices au coeur. Des clopes dans la nuit, un soupir, ne plus penser à rien et se coucher pour ne pas s'endormir.
Tu as déjà attendu un avion des heures durant dans un aéroport ? Je l'ai fait toute ma vie. J'ai tant attendu, tant espéré. J'ai attendu qu'arrive la fin, que le jour ne se lève plus jamais.

A pleine vitesse sur les autoroutes d'un mal-être humiliant, je priais pour un carnage mortel. A toute allure, mes pensées défilent, laissant à mes yeux délavés un regard amer.
Laisse-moi m'échapper d'ici.

Tu y crois toi, qu'un jour, on se retrouvera dans les nuages, dans ces étendues d'un bleu vide, qu'on sera enfin en paix ?
Je nous vois encore. Il y a toi, il y a moi, marchant dans les silences de la tristesse. Le long de l'eau, se laisser aller. Être trop triste pour ouvrir sa gueule. Être trop ému pour s'en aller...