mardi 24 janvier 2012

Lui.

Si seulement je pouvais, j'échangerais ma place avec lui. J'effacerai chacun de mes traits, chacune de mes pensées. Je trouverai mieux, je ne le quitterai plus jamais des yeux, quitte à me les laisser brûler à la lumière du jour. Je trouverai en lui ce qu'il me suffit pour continuer. Sans aucun doute, je m'abandonnerai, m’offrirai en pâture. Chaque cicatrice serait comme un petit malentendu, une faute commise et admise.
Et dans la froideur du matin, je le tuerai, car je ne pourrai pas tolérer d'être accompagné dans un tel périple. Vengeance sournoise, je le fixerai jusqu'à son dernier souffle, la dernière image de sa vie, jusque dans la Fin.

lundi 23 janvier 2012

Any Minute Now.

Il faisait noir et froid, j'avais peur et j'étais seul. Alors j'ai marché sous la pluie. Il y avait des gens affolés juste devant une grande maison en flammes. Un homme balayait les cendres, à la manière dont on balayerait un lendemain de fête. J'ai marché, encore et encore. Je voyais comme des petits points à l'horizon. J'avais très faim. Et donc, dans cette nuit sans espoir, j'ai avancé. Je rentrais à la maison.
Je ne saurais pas dire pourquoi c'est arrivé, mais au bout d'un certain temps, je me suis assis et j'ai pleuré. Je ne savais plus quoi faire. C'était peut-être ce qu'il y avait de plus naturel, instinctif.
Vers sept ou huit heure du matin, j'ai été rejoint par une connaissance. Alors j'ai fait semblant.
J'ai porté le masque qui me colle à la peau et j'ai gardé cela pour moi, comme tout le reste.

jeudi 19 janvier 2012

Backfire.

Je suis planté là, comme un con au centre de rien, je suis là le cul vissé sur ma chaise à relire quelques notes. La fourre cartonnée qui a épongé tant de larmes et qui s'est imprégnée de toute ma haine, mes peurs, mes émotions perdues. Je tiens dans mes mains des années de souffrance. Mon corps en porte encore les cicatrices indélébiles, et je sais que j'y pense encore, mon cœur se serre.
Il m'a fallu tous les mots du monde pour comprendre qu'il n'y en a pas un seul pour exprimer une si grande peine. Au moins, je l'aurai découvert par moi-même. Il m'arrive d'ouvrir ces vieilles pages et de les relire, de me mettre en colère, tout seul, de tout vouloir oublier. Mais c'est une partie de moi. Parfois, j'écris quelques mots en plus comme si les autres n'avaient pas suffi. C'est drôle d'avoir envie de retourner, de relire ces choses, de se souvenir. Je ne sais pas pourquoi, pourtant mes bras sont pleins de ces mauvais souvenirs. Tout ce qui est certain, c'est que je ne trouverai jamais la solution à toutes ces choses. C'est un poids qu'il faudra trainer jusqu'à la tombe, sur des "étendues de rien".

Des détails.

vendredi 13 janvier 2012

J'étais trop petit. J'étais aussi trop grand. J'ai compris trop de choses, j'en ai ignoré tant d'autres. Mais toi, tu te souviens de ça ? Le plus fort des hommes peut se retrouver à genoux pour la plus petites des causes. C'est peut-être bien ça le problème. J'me souviens de rien, aide-moi. Je ne voulais pas savoir, pas voir. Trop blasé, trop vieux. C'est tout un monde qui s'est écroulé dans le silence. Sans hommage, sans le noir, sans le deuil, j'ai avancé.

mardi 10 janvier 2012

Sky.

Il se prépare à passer sa soirée, en mélangeant de l'alcool dans des bouteilles. Sous ses airs d'ange, c'est un enfant aux poumons sales. La cigarette en bouche, briquet calé bien au fond du jean, c'est parti. Il est prêt à payer cher pour oublier un peu. D'ailleurs, son portefeuille finira vide dans un bar du coin.
Un gosse de plus qui n'a pas compris qu'être adulte, c'est pas ça. C'est autre chose. Mais c'est surtout encaisser les coups les plus rudes sans broncher. C'est aussi assumer, prendre des responsabilités. Savoir, voir et comprendre. Il n'est pas toujours utile de parler, alors on se tait, mais on sait. Il suffit d'un regard pour s'accorder.
Dans les méandres d'un vieux bar enfumé traine un garçon perdu. Il cherche quelque chose. C'est peut-être lui, c'est peut-être ce qu'il est devenu. Course poursuite folle, entre musique et défonce, il ne reste pas vraiment de temps.