jeudi 24 décembre 2009

L'Instant d'Après...

Y'avait cette photo sur le bureau, et l'instant d'après y'a mon cadavre dans la chambre à coucher.
Tout est allé si vite. C'était peut-être jeudi soir, quand cette photo est arrivée là je ne sais comment. Je venais de poser ma veste sur le dossier de mon fauteuil et à cet instant j'ai été foudroyé. Ces yeux me fixaient. Y'a moi en train de rire, en train de parler avec des amis y'a moi et encore moi et là y'a plus qu'un cadavre de moi. Un type au sol, les yeux fermés, peut-être à cause de l'horreur du monde, peut-être parce qu'il dormait, ou peut-être parce que le type venait de se soustraire à la vie.

Y'avait cette photo sur le bureau, et l'instant d'après, des funérailles.
Dans le sourire de quelqu'un d'autre, les gens se rappellent des souvenirs communs. Les soirées, les rencontres, les journées passées ensemble, et puis toutes ces questions - qui méritaient bien d'être posées -. Et donc, toutes ces questions auxquelles toutes les bouches semblaient se figer en essayant de répondre. Grand frisson arrogant.
Alors ils sont là à se rappeler des souvenirs, des images. Et quelque part sur mon bureau, y'a cette photo, et l'instant d'après, y'a des larmes et puis ma tombe. Tous ces petits papiers formaient un tas grossier au pied de la poubelle. Toutes ces lettres écrites pour rien, tous ces mots. La médecine n'y est pour rien, elle ne peut pas soigner de ça. Il n'y a que l'Art qui puisse me sauver de ça. Et à ce moment là, il y a des amis qui sont venus à la maison, je suis seul, lame à la main et dans les escaliers, y'a mes amis. Y'a mes amis et de l'autre côté de la porte y'a moi, je suis blessé, je tremble et ils veulent que j'ouvre la porte. Alors je glisse cette feuille de papier sous la porte avec un petit message et l'instant d'après je t'aille ma viande sans réfléchir. Je tiens pas, j'ai la tête qui tourne alors je m'assieds et je tombe. Ca fait un peu de bruit, je reste calme. De l'autre côté y'a mes amis, ils sont là, ils entendent tout. Et à un moment donné, la feuille sous la porte est imprégnée de sang. Et dans ma main, je serre cette putain de photo. J'arrive juste à me lever et pousser la poignée. La porte s'ouvre.
Ils entrent.

Y'avait cette photo sur le bureau, et l'instant d'après y'a mon cadavre dans la chambre à coucher.
Ils sont devant moi, paniqués, ils me fixent et ne savent même plus respirer. Je me sens décoller, on me dépose dans mon lit mais c'est pas la peine. Je suis là, avec ce putain de poing serré, ma chemise tâchée et je tremble. Je leur dis seulement merci pour tout, et l'instant d'après y'a plus rien.
L'instant d'après n'existe même plus pour moi.

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