mercredi 5 février 2014

Il Pleut sur nos Ecritures

Il pleut, le ciel est rouge pâle. Le béton mouillé est un miroir face à l'étendue lumineuse. Et c'est comme ça tous les soirs. Je ne crois pas, je ne prie pas non plus. J'écris, simplement. Les gens ont tous des croyances, des idées toutes aussi différentes les unes des autres. En vérité, peu importe de quoi il s'agit, mais il y a en chaque personne un besoin mental qui ne peut être rassasié. Chacun se rassure, par ses convictions, ses pensées, par les prières et par la nécessité de se raccrocher à quelqu'un de supérieur qui est peut-être quelque part. Ce qui se cache la derrière est le besoin d'évacuer la pression ou la tristesse éprouvée, nous sommes tous à la recherche d'un exutoire au travers duquel on se sent en vie. On est là, sur cette terre, au milieu de nos vies, mais au fond, on se souvient que rien de tout cela est voulu. Nous n'avons rien demandé, rien désiré, mais nous sommes, malgré tout. C'est à cet instant précis, - le moment ou l'on réalise que nous n'avons pas eu d'autre choix que d'être et de devenir - que nous prenons conscience que notre vie n'est pas sous contrôle. Cette perte de contrôle, ce chaos, est alors un terrible poids fantôme sur le dos de tous. L'être humain n'est pas fait pour accepter ce fait évident, c'est naturellement impensable. Et pourtant. Cela doit être la raison - ou une partie, sait-on jamais - pour laquelle je suis sans cesse planté là, à écrire n'importe quoi en attendant l'instant ou tout se remet en place. A l'heure où tout le monde se couche, les lumières de la ville s'éteignent dans le soir, mais je ne dors pas. J'écris, j'use encore et encore les mêmes mots, parce qu'ils me parlent, parce que j'ai appris à les connaître. Parce que ce que l'on écrit est une éponge qui efface nos erreurs, qui absorbe ce qu'on lui donne, bon ou mauvais, sans rien demander en retour. Parce que l'écriture ne se fatigue pas d'endurer les choses, parce qu'elle est toujours présente. Parce qu'il est plus simple de se confier à une page plutôt qu'un visage, parce que aussi, ceux qui veulent comprendre pourront toujours lire ce qui a été écrit dans et entre les lignes. Parce qu'il y a encore mille autres raisons que je tairai, parce que vomir des mots qui ont la haine, la joie, la colère ou tout autre sentiment apaise, parce qu'il vaut mieux se défouler sur ces vaines feuilles de papier que sur ceux qu'on aime. Jour après jour, année après année, c'est un peu comme si l'écriture rongeait mes sentiments, mon visage. Qu'est-ce que j'éprouve ? Personne ne le sent véritablement. Pourtant, il suffirait de l'exprimer en moins de deux lignes pour que tout soit si subitement limpide. Écrire, verbaliser et imager ses sentiments est un réel suicide sadomasochiste. On se rend compte pertinemment que c'est une partie de soi qui finit par s'effacer, on la regarde partir, mais comme une drogue, on y revient, inlassablement. C'est un peu comme si l'on enfermait nos émotions dans une feuille de papier. Je crois que c'est pour cette raison que je n'écris jamais la joie et le bonheur, que je préfère vivre, plutôt que de condamner ainsi. Ne vous en faites pas, je rentre à la maison, tout va s'effacer, tout va s'effacer.

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