jeudi 12 décembre 2013

Quand il s'en va...

Ça a été à la fois si court, et finalement, étrangement long à la fois. Mais maintenant, peu importe. Ça aura surtout été incroyablement intense. Plein de gens peuvent raconter leur histoire, comment ils se sont rencontrés, la manière dont tout cela s'est terminé, mais jamais personne ne dira la même chose. Ils l'ont tous côtoyé, ils y on tous cru, mais il n'y jamais eu le même visage. Pour moi, ça a été comme une sorte de vision lucide. Il s'est pointé comme ça, en me disant que c'était bon, que ça allait le faire. Tout cela était très sincère, j'avais mes raisons, mes raisons de le prendre au sérieux. Ça avait commencé très fort, c'était une symbiose parfaite. C'est le genre de moment que tout homme mérite, et que tout homme attend inlassablement en se disant que ça va aller. Et puis ça m'est arrivé, la nouvelle est tombée comme ça, venue de nulle part, je ne l'avais pas vue venir. Mais la question n'est pas là. L'important, c'est de savoir que tout à une fin, aussi étrange soit-elle. Être conscient de l'instant qui va faire mal, c'est encaisser sans rien dire, le dent serrées, les paupières en berne, poings dans les poches en attendant de savoir quoi foutre. Alors comme il le fallait bien, l'Amour s'en est allé. Il a claqué la porte de la maison, d'un grand coup sec. Je crois bien qu'il en avait assez, qu'il voulait en finir. Il s'est évadé par les larmes, faisant le mur le long de ma joue, il s'est échappé avec le vent, le temps d'une respiration. Ça doit être à cause de ces suicides de tous les jours, ces bouffées de mort, ces paradis qu'on nous a vendu, les destins qui se croisent, et tous ces trous dans les cerveaux. Ce doit être la faute aux choses qu'on a osé dire, les choses qu'on n'a jamais voulu entendre, qu'on finit par considérer, qu'on finit par admettre dans le silence d'une salle de bain... Les alcools nocturnes terminent le travail, sans doutes. Quand on ne dort pas, qu'on est seul dans le noir, qu'on soit lucide ou prêt à s'écrouler, on se met à réfléchir. C'est le doute. Et les idées fusent, pêle-mêle au fil des heures de vide, les idées noyées dans les liqueurs, dans le sang et dans les mots, on ne sait plus quoi dire, plus quoi penser. Moi je l'ai vu se barrer comme ça, on aurait dit que dire au revoir lui aurait fait chier. Il s'est tiré comme ça, en me laissant gonflé d'hématomes et de plaies chaudes et boursoufflées. J'étais tout seul pour endurer, pour tenir le coup. Pour capituler. Il est parti sans l'ombre d'un mot, sans laisser de doute. Sa manière de mourir, c'était de laisser des traces, éclabousser le monde, il avait jeté l'ancre au fond de mon cœur, puis il l'a arraché subitement. L'Amour s'est tué cette nuit-là. Il faisait froid il faisait nuit, et moi je n'arrivais pas à dormir. J'étais assis au milieu de l'obscurité, une bouteille à la main, pendant que lui terminait se de buter sans remord. Le pire, c'est que je n'ai pas su quoi faire. J'aurais aimé savoir réagir, raviver la flamme, mais il s'est laissé crever comme ça, en pleine nuit. Ça n'a pas été douloureux. Du moins, pas pour lui. Il s'est lentement glissé vers l'ailleurs, vers ces autres horizons, ces histoires d'amour remplies d'herbes fraîches, de rosées aux aurores et de ces filles qu'on tient par la main. Au petit matin, ces matins où le soleil nous réveille, je l'ai retrouvé là, inerte. Je savais que tout était fichu. Je n'ai même pas pris la peine de paniquer, ni même de pleurer. Cela me semblait tellement naturel. L'Amour est parti, suicidé. Une balle dans une poitrine vide, du poison dans les veines...

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