lundi 4 janvier 2010

Something About D.

D. n'aimait pas les œufs au plat, l'odeur des légumes lors de la cuisson, le goût du wasabi et la couleur du ciel quand il était triste. Il jouait de la guitare tous les jours, en rentrant de l'école, quand il faisait déjà nuit dehors en hiver, il laissait glisser ses doigts pour en faire des arpèges mélancoliques, en été il s'amusait plutôt à reproduire des sons rock dans la moiteur de sa chambre. D. se sentait toujours mal sans la compagnie des autres. Il leur offrait une importance primordiale. D. n'avait pas de craintes en général, mis à part la solitude et sa propre hypersensibilité. Il disait toujours ne pas avoir ni morale, ni logique. Mais la vérité au fond des choses, c'était plus compliqué que cela.
D. avait grandi seul, jouait seul, et par la force des choses - ou quelque chose comme le destin - il s'était fait happé par le contact social. Il en avait besoin il éprouvait des manques cruels qui le rongeait. Ses amis étaient devenus ces propres centres d'intérêt, il lui fallait toujours plus. Quand il fut abandonné par une reine traîtresse, il se libéra de ses chaînes, il brisa tout ces liens qui l'avaient retenu toute sa vie. C'était encore mieux qu'un médicament. D. était nocturne. Il ne dormait presque pas, préférant écrire ou méditer. Au fil du temps, ses textes changeaient, ses espoirs changeaient. D. ne vivait plus du tout de la même manière et autant on disait de lui qu'il était un modèle pour les autres, autant on disait de lui qu'il était instable et plus que ça, incohérent.
Cela devenait presque gênant, mais D. voulait à tout prix ne plus avoir le contrôle des choses, vivre au-dessus de la flamme, en suspension, une épée de Damoclès toujours présente. D. passait parfois des nuits entière à s'imaginer mourir, tomber d'un toit, sauter contre un train, se faire le trip de sa vie, et il lui arrivait de prendre peur de lui-même. Il en arrivait à la conclusion, il fut un temps, que son corps et son esprit même étaient dissociés l'un de l'autre, son corps voulant le conduire à la mort, son esprit voulant s'en débarrasser d'une autre manière. D. se voyait mourir tous les soirs pendant deux ans. Deux ans passés à mourir toujours un peu plus fort, à s'ouvrir et se faire couler les bras en sang, à s'en mordre la chair, à s'en tailler les veines.
Avec un soupçon de colère et d'angoisse, toujours un peu violent car complètement désabusé, comme si quelqu'un avait volé son âme.
Pire que ça, quelqu'un est parti avec la moitié de son cœur qui battait encore...

1 commentaire:

Immortelle a dit…

Dernière phrase "quelqu'un".