jeudi 13 octobre 2011

La Quête

La mort de son père la presse.
Dans la chambre noire, elle passe le couteau sur la flamme. Le métal est brûlant, la nuit elle, est glaciale et majestueuse. Le ciel est la robe d'une de ces dames dont on fait la cour du bas d'un hôtel, le ciel se penche hautainement se redresse et ignore. Ce soir, le miroir est brisé, le serpent glisse sur les morceaux de verre, au travers de la pièce, attend le moment propice. Le venin est rare mais puissant.

Sa pâle victime sort de la pièce, depuis la mort de son père, depuis la mort, elle s'en va. Ses bas déchirés, les tâches sur sa jupe, elle se fiche de tout, essaie de reprendre son souffle vain.

Le lit restera défait. Et dans l'élan d'une nuit froide et comateuse, elle s'en va, sans se retourner. Elle abandonne l'image de sa mère au seuil de la porte.
Elle s'enfuit.

Le serpent avance sur les carreaux blancs du sol de la chambre, traçant des grandes vagues dans la poussière et les débris de vitre. Le venin s'est répandu, à sa guise. Et donc, à travers la nuit froide d'une maison abandonnée, une fille en mal d'identité prend la direction que l'on sait: l'Arizona.

Et déjà, alors qu'elle contemple sa froide candeur dans l'éclat de miroir qu'elle gardait dans son sac, elle aperçoit juste derrière son dos, l'aube du prochain jour, et une terrible Cadillac...

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